Catégories

Gène des jumeaux : qui le transmet ? Découvrez les secrets génétiques

Gène des jumeaux : qui le transmet ? Découvrez les secrets génétiques

Deux paires de jumeaux réunies autour d’une même table, séparées par vingt ou trente ans : on croirait à une farce du hasard, et pourtant, quelque chose d’invisible circule dans les veines de la famille. La génétique s’invite-t-elle discrètement au dessert, ou l’histoire se répète-t-elle pour d’autres raisons ?

Impossible de compter les débats animés où l’on désigne la vieille tante ou la grand-mère comme les coupables idéales de la « malédiction » des naissances gémellaires. Mais la science, elle, préfère bouleverser les scénarios tout tracés. Qui, entre les branches de l’arbre familial, porte vraiment ce fameux héritage du double ? La réponse, bien moins évidente qu’on ne l’imagine, fait voler en éclats les croyances transmises de génération en génération.

A lire également : Alcool et nidation : l'impact de la consommation d'alcool sur la nidation embryonnaire

Les mystères de la gémellité : comprendre l’origine des jumeaux

Depuis les mythes antiques jusqu’aux salles de maternité modernes, la gémellité intrigue et bouscule la logique. Pourtant, donner naissance à des jumeaux n’a rien d’une partie de dés lancés dans le noir. Deux routes bien distinctes mènent à la gémellité : celle des jumeaux monozygotes, nés du partage d’un unique œuf fécondé, et celle des jumeaux dizygotes, fruits de deux ovules différents, chacun fécondé par son propre spermatozoïde.

Les premiers, ces « vrais jumeaux », sont des copies génétiques presque parfaites, tandis que les seconds, les « faux jumeaux », ne partagent que le statut de frères et sœurs ordinaires sur le plan de l’ADN. La magie de la division cellulaire opère chez les monozygotes dans les tout premiers jours qui suivent la conception. Pour les dizygotes, tout démarre lors d’une poly-ovulation : la mère libère deux ovules, offrant le terrain idéal à une grossesse gémellaire.

A lire en complément : Chances de tomber enceinte de jumeaux : facteurs et statistiques à connaître

On imagine souvent que des jumeaux partagent tout, jusqu’au moindre secret biologique. Pourtant, même les « vrais jumeaux » se distinguent par des détails subtils : l’expression des gènes, la méthylation de l’ADN, ou encore… des empreintes digitales uniques, façonnées par la vie intra-utérine. Une preuve éclatante que la génétique écrit le scénario, mais que l’environnement y glisse toujours ses propres répliques.

  • Un tiers des grossesses gémellaires donne naissance à des jumeaux monozygotes. Les deux autres tiers sont composés de dizygotes.
  • La fréquence des grossesses multiples varie nettement selon l’origine ethnique et les lignées familiales.

Oubliez la simple ressemblance physique : la vraie différence entre « vrais » et « faux jumeaux » se niche dans la nature même de la fécondation et de la première danse des cellules.

Qui transmet le gène des jumeaux ? Démêler le vrai du faux

Le gène des jumeaux alimente fantasmes et conversations de salon. Mais la réalité déjoue les raccourcis. Non, le père ne transmet pas tout seul la capacité d’avoir des jumeaux dizygotes. L’explication repose sur un mécanisme précis : la poly-ovulation, autrement dit la libération de plusieurs ovules par la mère lors d’un même cycle. Ce phénomène suit le fil de l’hérédité maternelle.

Les scientifiques ont mis en lumière plusieurs gènes qui entrent en jeu. Le gène FSHB influence la production de la follicle stimulating hormone, essentielle pour la maturation de plusieurs follicules. Le gène SMAD3 règle finement les mécanismes ovariens. Le gène IGF, quant à lui, favorise la croissance des follicules. Des variations génétiques précises, appelées SNP, augmentent la probabilité de grossesses multiples chez certaines femmes.

  • La poly-ovulation se transmet de mère en fille, jamais de père en fils.
  • Un homme peut certes léguer les allèles concernés, mais seule la physiologie féminine permet à ces gènes de s’exprimer.
  • Pour les jumeaux monozygotes, la génétique ne dicte pas la règle : leur apparition relève d’un imprévu biologique, sans lien avec l’hérédité.

Impossible de tout résumer à un jeu de chromosomes : l’épigénétique et l’environnement interviennent aussi dans la partition. Les avancées récentes dévoilent peu à peu pourquoi certaines familles ou communautés voient naître, génération après génération, des grossesses gémellaires aussi fréquentes qu’intrigantes.

Hérédité maternelle ou paternelle : ce que disent les études scientifiques

Dès le début du XXe siècle, Wilhelm Weinberg posait les premiers jalons de la transmission maternelle de la poly-ovulation. Depuis, des cohortes entières de jumeaux, étudiées au nord de l’Europe et à l’université de Reykjavik, ont confirmé l’évidence : la prédisposition à concevoir des jumeaux dizygotes suit la lignée maternelle.

Les recherches menées par le consortium international piloté par Hamdi Mbarek et Megan Dennis, grâce à des analyses pangénomiques, ont repéré plusieurs loci associés à la fréquence des grossesses gémellaires. Chez les mères de jumeaux dizygotes, certains variants génétiques sont présents. Ils restent invisibles chez les pères, renforçant l’idée d’une transmission exclusivement maternelle.

La spécialiste Nancy L. Segal le rappelle : un homme dont la famille maternelle compte de nombreux jumeaux ne transmettra pas forcément cette singularité à ses enfants, sauf si la mère de ces derniers possède elle-même les gènes favorisant la poly-ovulation. La fratrie offre un indice supplémentaire : seules les filles héritent de la capacité à ovuler doublement, tandis que les garçons traversent la lignée comme des passeurs silencieux.

  • Selon le comité scientifique de la fédération internationale des jumeaux, une jumelle a deux fois plus de chances que la moyenne d’avoir elle-même une grossesse gémellaire.
  • Les études menées sur plusieurs générations n’ont jamais mis en évidence un effet paternel sur la survenue des grossesses gémellaires.

gènes jumeaux

Au-delà de la génétique : facteurs environnementaux et probabilités d’avoir des jumeaux

La survenue d’une grossesse gémellaire ne tient pas uniquement à l’héritage génétique. L’environnement, lui aussi, tire quelques ficelles dans l’ombre et redistribue les cartes de la gémellité.

L’âge de la mère pèse lourd dans la balance. Entre 35 et 39 ans, les ovulations doubles se multiplient, ce qui augmente nettement les chances d’avoir des jumeaux dizygotes. D’autres paramètres entrent dans la danse : la taille et le poids de la future mère. Les statistiques montrent que les femmes grandes et ayant un indice de masse corporelle plus élevé courent plus de risques de vivre une grossesse multiple.

  • Les traitements de stimulation hormonale comme la FSH ou la FIV font bondir la fréquence des grossesses gémellaires. Dans certains centres spécialisés, jusqu’à 20 % des naissances issues de fécondations in vitro concernent des jumeaux.
  • La saison de conception joue aussi son rôle, même s’il reste discret : dans certaines régions, le nombre de naissances gémellaires fluctue selon les mois, sans doute influencé par la lumière et la nutrition.

À l’opposé, le tabagisme maternel diminue la fertilité, mais ne favorise pas les naissances de jumeaux. D’un continent à l’autre, les contrastes sont frappants : l’Afrique subsaharienne affiche des taux record de grossesses gémellaires spontanées, tandis que l’Asie reste à la traîne.

Région Proportion de naissances gémellaires
Afrique centrale 18 à 20 pour 1 000
Europe occidentale 8 à 10 pour 1 000
Asie 2 à 4 pour 1 000

Jouer aux devinettes sur l’arrivée de jumeaux dans une famille relève donc d’un art incertain, où la génétique, l’environnement et un brin de hasard se partagent la scène. Reste que, parfois, deux berceaux côte à côte rappellent que la biologie adore brouiller les pistes, là où on ne l’attend pas.

Articles similaires

Lire aussi x