Un chiffre sec, presque dérangeant : près de la moitié des femmes ayant accouché disent avoir reçu le conseil de s’asseoir sur les toilettes pour « aider le travail ». Cette recommandation, pourtant absente des grands manuels, circule comme un secret d’initiées dans les couloirs des maternités françaises. S’appuie-t-elle sur du solide, ou relève-t-elle d’une tradition empirique qui se transmet de bouche à oreille ?
Certains travaux scientifiques interrogent le lien entre la posture adoptée, le relâchement du plancher pelvien et la qualité des efforts expulsifs. Mais la question de la durée d’assise, surtout pendant la grossesse, soulève encore des débats, notamment sur le plan digestif. Les effets sur la constipation, fréquente en fin de grossesse, ne sont pas toujours ceux qu’on imagine : attention à ne pas confondre confort et usage prolongé.
Plan de l'article
- Assise sur les toilettes pendant l’accouchement : mythe ou véritable aide au travail ?
- Quels bénéfices pour la progression du travail et le confort de la future mère ?
- Assise prolongée : quels impacts sur la santé intestinale et le périnée ?
- Conseils pratiques pour favoriser un transit optimal et limiter la constipation lors de l’accouchement
Assise sur les toilettes pendant l’accouchement : mythe ou véritable aide au travail ?
La position assise sur les toilettes n’a rien d’un gadget. Elle fait son chemin, lentement mais sûrement, dans les pratiques de certaines salles d’accouchement. Sages-femmes et accompagnantes de naissance y voient un levier concret pour soutenir la progression du travail. Plusieurs faits convergent : s’installer sur la cuvette induit un relâchement du périnée, favorise une ouverture naturelle du bassin et, par effet domino, facilite la dilatation du col de l’utérus. La gravité, ici, ne se contente plus d’être un concept abstrait : elle aide la tête du bébé à s’engager.
Il n’y a rien de magique à cet effet “toilettes”. Tout est question de posture. S’asseoir, sans crispation, reproduit instinctivement le schéma ancestral de l’accroupissement. En déchargeant le poids du corps et en relâchant volontairement le plancher pelvien, la femme enceinte crée un contexte physique et mental propice à l’ouverture. On observe parfois une accélération des contractions, ou la levée de certains verrous psychologiques ou musculaires qui freinaient la progression.
Nombre de sages-femmes proposent ainsi de passer régulièrement quelques minutes sur les toilettes, surtout lors des phases où la dilatation piétine. Cette solution répond aussi à un besoin d’intimité : pas besoin de quitter la salle, tout en gardant un espace de retrait. Chez certaines patientes, notamment lorsque le travail s’étire ou face à un col qui tarde à s’ouvrir, la descente du bébé gagne en efficacité.
Attention, toutefois : rester trop longtemps assise n’est pas sans inconvénients. Une durée excessive peut entraîner une gêne vasculaire ou majorer l’inconfort, surtout en pleine phase de contractions rapprochées. Utiliser la position sur les toilettes exige donc discernement et adaptation, toujours sous la surveillance de professionnels aguerris.
Quels bénéfices pour la progression du travail et le confort de la future mère ?
S’asseoir sur les toilettes ne se limite pas à changer de décor. Cette posture, où relâchement musculaire et gravité s’allient, joue un rôle déterminant dans la dilatation du col de l’utérus et l’ouverture du bassin. En adoptant cette position, la future mère offre à son périnée l’occasion de se détendre spontanément. Ce relâchement s’accompagne d’un pic d’ocytocine, hormone qui dynamise le travail, et de prostaglandines, qui assouplissent le col.
L’action ne s’arrête pas là. La descente du bébé peut s’accélérer, stimulée par la gravité, tandis que la pression exercée par la tête sur le col dope la sécrétion d’ocytocine. Certaines sages-femmes constatent qu’un passage, même bref, sur les toilettes suffit parfois à relancer un rythme de contractions qui s’essoufflait ou à faciliter l’effacement du col, en particulier lors d’un premier accouchement.
Côté confort, la posture offre une bulle d’intimité et d’autonomie. Elle permet à la future mère de se recentrer, d’échapper un instant à l’agitation de la salle et de reprendre son souffle. Les témoignages abondent : relâchement du périnée, meilleure gestion de la douleur pelvienne, atténuation des tensions. Professionnelles comme patientes soulignent ces bénéfices, parfois inattendus.
Mais l’efficacité passe par la mesure. Un appui stable, une durée raisonnable, et la présence attentive d’une sage-femme : réunir ces conditions transforme la position assise sur les toilettes en un véritable atout pour franchir les étapes du travail.
Assise prolongée : quels impacts sur la santé intestinale et le périnée ?
Si la position assise sur les toilettes s’avère précieuse pour la progression du travail, la question du temps passé dans cette posture ne doit pas être prise à la légère. Les spécialistes en proctologie, qu’ils exercent à Paris ou aux États-Unis, mettent en garde contre les effets secondaires d’une assise trop longue, bien au-delà du contexte de l’accouchement. Dépasser les dix minutes, smartphone à la main ou non, fragilise le plancher pelvien, favorise les hémorroïdes et peut aggraver une constipation déjà présente. Les répercussions sur la santé digestive sont réelles : le transit se dérègle, et le risque de troubles fonctionnels augmente avec le temps.
Le relâchement du périnée, recherché pendant le travail, se retourne contre lui-même quand la posture dure. L’angle ano-rectal s’ouvre, l’évacuation devient plus facile, mais la pression continue sur les veines hémorroïdaires et les muscles pubo-rectaux épuise les défenses naturelles. À la longue, le plancher pelvien s’affaiblit, exposant à un risque de prolapsus rectal. Utiliser un tabouret pour surélever les genoux reproduit la position accroupie, ce qui limite certains effets, mais cela ne dispense pas d’une gestion précise du temps passé assis.
Pour limiter ces désagréments, voici quelques recommandations simples à mettre en œuvre :
- Moins de 10 minutes : gardez chaque session courte pour réduire le risque d’hémorroïdes.
- Écoutez les signaux du corps : ne forcez jamais lorsque l’envie ne vient pas naturellement.
En 2023, la France a recensé 48 000 nouveaux cas de cancers colorectaux. Ce chiffre, à lui seul, rappelle l’importance d’un suivi attentif des symptômes digestifs. Des plaintes banalisées comme les hémorroïdes ou la constipation peuvent masquer des pathologies plus graves. Maintenir une assise raisonnée sur les toilettes protège à la fois l’équilibre intestinal et la solidité du périnée, deux piliers souvent négligés pendant la grossesse.
Conseils pratiques pour favoriser un transit optimal et limiter la constipation lors de l’accouchement
Accompagner le travail, c’est aussi veiller au transit intestinal. Les recommandations de l’assurance maladie rappellent que miser sur la consommation régulière de fibres alimentaires, fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, représente une stratégie efficace contre la constipation. Boire suffisamment d’eau, sans abuser des boissons sucrées ou excitantes, aide à assouplir le bol alimentaire et à faciliter l’évacuation.
Adopter la position accroupie optimise l’ouverture de l’angle ano-rectal et détend les muscles pubo-rectaux, tout en limitant la pression sur le plancher pelvien. Ce bénéfice peut être retrouvé sur des toilettes classiques en surélevant les genoux avec un tabouret, une solution que les proctologues plébiscitent pour réduire l’effort à fournir et prévenir les hémorroïdes.
Pour préserver le transit et le confort pendant cette période délicate, trois gestes simples font la différence :
- Optez pour des sessions courtes sur les toilettes : pas plus de 10 minutes pour éviter la stagnation veineuse.
- Pratiquez une respiration contrôlée (expirer contre une légère résistance) pour détendre le sphincter anal en douceur.
- Variez votre alimentation : privilégiez les fibres, limitez les produits ultra-transformés souvent pauvres en nutriments protecteurs.
Adopter une hygiène alimentaire cohérente et constante, associée à ces pratiques simples, réduit la fréquence des épisodes de constipation. Ce sont souvent ces détails, loin d’être anodins, qui permettent à la femme enceinte de traverser le travail avec plus de confort et de sérénité.
Dans la salle de naissance, parfois, s’asseoir sur les toilettes s’avère être ce petit rien qui change tout. Une stratégie parmi d’autres, à manier avec mesure, mais qui, bien utilisée, peut ouvrir une porte inattendue sur la progression du travail.