Hypertension intracrânienne : reconnaître les signes et symptômes

Un mal de tête qui s’éternise, la vue qui se brouille, des nausées qui ne lâchent pas : parfois, ces signes ne sont pas de simples manifestations du stress ou de la fatigue. Ils peuvent révéler une urgence médicale, trop souvent sous-estimée.

À cela s’ajoutent, chez certains, des difficultés à rester éveillé, des vomissements soudains sans explication, une raideur de la nuque qui s’installe sans prévenir. Laisser traîner ces signaux, c’est retarder la prise en charge, et exposer le cerveau à des conséquences graves, parfois irréparables.

Hypertension intracrânienne : comprendre ce qui se passe dans le cerveau

La pression intracrânienne désigne la force exercée à l’intérieur du crâne par trois occupants majeurs : le cerveau lui-même, le sang qui circule dans ses vaisseaux, et le liquide céphalorachidien (LCR). Cet équilibre, fragile par nature, ne tolère aucune variation. Dès qu’un élément prend trop de place, la pression intracrânienne grimpe, et le cerveau se retrouve en difficulté, sans possibilité de s’étendre ou de fuir la contrainte.

Trois composantes majeures gouvernent cet espace clos :

  • le tissu cérébral (ou parenchyme)
  • le liquide céphalorachidien
  • le sang contenu dans les vaisseaux du cerveau

Qu’il s’agisse d’une accumulation de LCR ou d’une hémorragie, le moindre déséquilibre peut rapidement faire grimper la pression. Les neurones, privés d’un flux sanguin suffisant (perfusion cérébrale), en subissent le contrecoup. Et si la pression de perfusion cérébrale chute trop brusquement, les cellules nerveuses souffrent, parfois de façon irréversible.

Face à ces situations, le diagnostic se construit d’abord sur les signes cliniques, mais l’IRM affine la recherche. Cet examen repère les anomalies de structure, l’excès de LCR ou un déplacement anormal des tissus cérébraux. Comprendre ces mécanismes et surveiller rigoureusement le patient, c’est tout l’enjeu pour préserver ce qui peut l’être du tissu cérébral.

Pourquoi et comment survient une pression intracrânienne anormale ?

L’hypertension intracrânienne correspond à une élévation inhabituelle de la pression à l’intérieur du crâne. Cette situation reflète presque toujours un déséquilibre : dès qu’un compartiment (tissu cérébral, sang, ou LCR) prend le dessus, l’ensemble du système se dérègle.

Dans la réalité quotidienne, plusieurs causes ressortent :

  • une tumeur cérébrale
  • un œdème cérébral consécutif à un traumatisme
  • une hydrocéphalie, où le LCR s’accumule en excès
  • une thrombose veineuse cérébrale gênant la circulation sanguine
  • une HTIC idiopathique, surtout chez la femme jeune en surpoids, dont la cause reste incertaine

Au niveau cellulaire, l’espace dans le crâne est si limité que la moindre augmentation de pression fait rapidement sentir ses effets. C’est pourquoi chez la personne polytraumatisée ou après un AVC, la surveillance clinique et l’imagerie, notamment l’IRM, deviennent capitales pour ajuster la prise en charge et prévenir l’aggravation.

Reconnaître les signes qui doivent alerter

Certains symptômes doivent immédiatement faire penser à une pression intracrânienne excessive. Les maux de tête matinaux, diffus, amplifiés à l’effort ou lors de la toux, sont souvent les premiers à se manifester. Ces céphalées résistent généralement aux traitements classiques. Les vomissements, parfois soudains et sans nausées, notamment chez l’enfant, constituent un autre signal fort : ils ne doivent jamais être banalisés.

Les troubles visuels sont au cœur du problème. Baisse de la vue, vision floue passagère, rétrécissement du champ visuel : ces modifications trahissent la souffrance du nerf optique. Un examen du fond d’œil à l’ophtalmoscope permet de constater un œdème papillaire, marqueur direct d’une stase du LCR autour de la gaine optique.

Lorsque la pression continue de monter, des troubles de la vigilance apparaissent, le comportement change, le risque de coma s’installe. Dans certains cas, la perte de vision devient définitive. Des troubles moteurs ou sensitifs peuvent également survenir, selon la zone cérébrale touchée.

Voici les signaux à connaître :

  • Céphalées intenses et persistantes
  • Vomissements en jet
  • Altération du champ visuel, œdème papillaire
  • Troubles de la vigilance

La clé, c’est la réactivité : reconnaître ces signes, agir vite, et s’appuyer sur l’IRM pour affiner le diagnostic.

Homme inquiet lors d

Prise en charge, traitements et risques de complications

Devant une suspicion d’hypertension intracrânienne, la priorité est de confirmer le diagnostic. L’IRM permet de rechercher une masse, une thrombose, ou toute autre anomalie. La ponction lombaire, en mesurant la pression du LCR, aide à distinguer les formes idiopathiques des causes secondaires.

Le traitement dépend de l’origine du problème. En cas d’hypertension intracrânienne idiopathique, des médicaments comme l’acéazolamide sont prescrits pour limiter la production de LCR. Si ce traitement ne fonctionne pas ou n’est pas toléré, le topiramate peut prendre le relais. La perte de poids améliore nettement la situation chez les patients en surpoids ; parfois, une chirurgie bariatrique est envisagée si l’obésité est très marquée.

Dans les situations les plus préoccupantes, l’intervention d’un neurochirurgien devient nécessaire. Il peut s’agir, par exemple, de poser une dérivation ventriculaire pour évacuer l’excès de LCR, ou de réaliser une craniotomie décompressive dans les cas extrêmes. L’administration de barbituriques ou l’intubation sont parfois requises pour stabiliser l’état du patient lors des phases aiguës.

Le suivi du score de Glasgow oriente la prise en charge des troubles de la vigilance. Chaque minute compte : le risque de perte de vision, d’engagement cérébral ou de séquelles neurologiques majeures impose une coordination serrée entre neurologue, ophtalmologue et neuroradiologue. Seule une action rapide peut contenir la menace et préserver les fonctions vitales.

Face à l’hypertension intracrânienne, reconnaître les signaux, comprendre les enjeux et agir sans délai, c’est déjà donner une chance de plus au cerveau.